
Terrassés depuis longtemps
Déjà et intimement
Soumis de surcroît
Les nuages avancent
Au rythme lent de leur destin
Et s’accommodent de leur
Sort devenu commun
Malgré qu’ils soient
Parés tantôt de couleurs
Mornes ou drapés parfois
De rigoureux éclats
Ils n’en savent rien
Sans égards on les mène
Sous eux les parcelles
De terre les forêts
Les montagnes altières
Les toits pointus
Les sinueuses rivières
Défilent et des stormes
D’oiseaux s’en viennent
A leur rencontre bruyamment
Mais les nuages ne connaissent pas
L’étendue de leur prison
Ils la portent en eux
Au rythme aigre-doux du voyage
Depuis qu’un jour atroce
On leur a crevé les yeux.
Gent 2/08/1988
Illustration : Maurits Cornelis Escher, 1938 – Jour et nuit