Seduto sulla poltrona

Seduto sulla poltrona
Con sguardo lento
Acuto il minuscolo
Manichino osserva
Se stesso pupo vestito di
Arancione la barba dipinta
A pizzo e sorridente
Ha l’aria di qualche
Capitano antico del Seicento
O di un marinaio
Scaltro d’altri tempi
Gli sta intorno il mondo
Giocattolo sterminato
Ostile definitivamente
Da quando Clelia
Che di lui non si è fidata
Fin dal primo incontro
L’ha abbandonato nel salotto
Chi sa per quali
Occulti risentimenti
Per quale inspiegabile strazio.

Bruxelles 12/01/1989

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – « Capitano antico del Seicento » (Capitaine à l’ancienne du 17e siècle)
Image générée par IA (intelligence artificielle)

Sixième extinction

Dans le métro ce matin une jeune fille a annoncé la sixième extinction. « Ouvrez les yeux ! », disait-elle d’une voix forte, « enlevez vos œillères ! ».

« Vous souvenez-vous de la disparition des dinosaures ? La prochaine catastrophe, la sixième extinction planétaire, ce sera les hommes ! ».

La jeune fille continue de vaticiner. « On étouffe », clame-t-elle. Je descends Porte de Namur.

Je pense au Bouddha de la compassion, à l’extinction de la souffrance, à l’annihilation des espèces. Renaître. Les prochains hommes seront-ils plus beaux ? Plus intègres ?

Bruxelles 30/10/2007

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – Cimetière avec stèles
Image générée par IA (intelligence artificielle)

Ah oui ! L’accordéon (2/2)

Mon professeur me donnait toujours l’impression d’un être désenchanté et soucieux, même s’il lui arrivait aussi de plaisanter. Sa femme se plaignait souvent d’avoir froid : il s’en moquait gentiment.

C’est lui qui m’a raconté qu’avant la seconde guerre mondiale, dans toute la zone frontalière (Tourcoing, Roubaix, Mouscron…), il y avait un café à chaque coin de rue et que tous les samedis c’était bal musette. Période d’or de l’accordéon. Il en parlait avec certaine nostalgie. Tout avait bien changé depuis. La grande salle de bal de Tourcoing, dans l’après-guerre, avait été convertie en Monoprix !

Mais il était dit que je ne serais devenu ni virtuose ni grand musicien ni même vraiment musicien puisque j’ai arrêté de jouer de l’accordéon vers la fin de l’adolescence.

Parfois, très exceptionnellement, j’en ai rejoué, à l’occasion de l’une ou l’autre fête où toute la famille et même des amis étaient réunis. Avec le sourire, mais sans grande conviction. « Comment ! Tu sais jouer de l’accordéon ?!? ».

Bruxelles 27/01/2016

Illustration : Archives familiales, 1985 – Arcangelo Petrantò en train de jouer de l’accordéon

Ah oui ! L’accordéon (1/2)

C’était décidé : j’allais apprendre à jouer de l’accordéon. Il fallait d’abord acheter un accordéon. Ce fut vite fait. Un accordéon chromatique de couleur vert pomme (de la marque Piermaria Nazzareno). Et une sacoche pour le transport de l’instrument. Un pupitre aussi : métallique, intégralement pliable, pratique, mais tout de même assez lourd au transport.

Pour préserver l’instrument de la poussière à la maison, ma mère réalisa une housse avec le restant de tissu qu’elle avait utilisé pour faire les rideaux de l’appartement. Elle cousu aussi une pochette en skaï pour les partitions. Je disposais de l’équipement réglementaire pour suivre les cours d’accordéon.

Monsieur Raymond Vanmeerhaeghe, mon professeur, m’accueillit avec douceur et sympathie. Il tenait aussi dans sa maison un magasin d’instruments : accordéons et bandonéons. Dans la rue de Menin à Tourcoing.

Les cours avaient lieu dans sa cuisine — ou arrière-cuisine (les maisons de rangée du Nord ont de ces enfilades de pièces qui vont en rétrécissant qu’on en perd le détail).

C’est ainsi que j’ai suivi pendant plusieurs années un apprentissage laborieux et sans passion.

Bruxelles 27/01/2016

Illustration : Raymond Vanmeerhaeghe (1914-1993)
Musicien, compositeur, éditeur et marchand d’instruments de musique

Nessuno sa

Nessuno sa chi abbia edificato queste scale
Esse sono talmente alte
Che l’architetto ha previsto delle sale
Per riposarsi ad intervalli

Solenni lapidi sulle pareti indicano
Certamente delle distanze
Ma a dir vero
Nessuno conosce i caratteri scolpiti
E meno ancora a quale lingua collegarli
Tuttavia le sale sono dipinte come si usava
Negli antichi palazzi italiani

Qualcuno pretende
Che al di fuori delle scale
Non ci sia niente
Io non lo credo
Altrimenti come sarebbero sorrette le scale
Qualche dubbio però rimane

Dai rari lucernari
Traspare una luce indecifrabile

Veramente sarei propenso a credere persino
Che le scale non siano altro
Che una costruzione mentale
Una vite senza fine
Qualche nastro di Möbius
Ma non vorrei soprattutto
Spaventare i miei compagni

Intanto proseguiamo
La nostra ascensione
Con più ardore da quando
Uno di noi ha affermato
Basandosi su certi calcoli
Che potremmo raggiungere
Entro pochi giorni
Mete insospettate.

Bruxelles 16/01/1992

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – Nessuno sa (Personne ne sait)
Image générée par IA (intelligence artificielle)

Les poireaux

Dans les marchés et supérettes
Votre tenue blanche et verte
(Douce et discrète)
Rassérène et vous entraîne
Vers sacs et cabas d’où
Vous dépassez avec pittoresque
Votre zèle n’a pas de mesure
Vous êtes prêts à vous couper en quatre
Pour complaire et faire la fête
Dans les casseroles marmites et cocottes.

Bruxelles 5/11/2018

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – Poireaux qui dépassent d’un sac à provisions
Image générée par IA (intelligence artificielle)

Vie antérieure ?

Fatale distraction ? Réappropriation d’un titre que j’aurais porté dans une vie antérieure ? Acte d’affirmation ? Désir de grandeur ?

Lors de l’obtention de mon premier passeport, alors que j’étais jeune adolescent, j’ai signé dans l’emplacement réservé au Consul !

Tournai 8/01/2016

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – Consul romain (représentation d’inspiration mosaïque)
Image générée par IA (intelligence artificielle)