Les empires anglais et français des 19e et 20e siècles auraient-ils pu se transformer en empires romains contemporains ?
Sans doute, à condition qu’ils eussent accordé, à terme, à tous leurs habitants les mêmes droits et exigé les mêmes devoirs.
Or, on sait bien que ce ne fut pas le cas. Bien au contraire.
C’est la gloire de l’empire romain d’avoir associé à son destin, y compris dans la réalité du pouvoir, les peuples conquis.
Il aurait pu en être de même pour les empires anglais et français si cette volonté avait existé.
Cependant, deux éléments importants sont à prendre en considération lorsqu’on envisage rétroactivement une telle possibilité :
Le niveau de vie entre les métropoles et les colonies avaient été rendu disproportionné par l’industrialisation et les avancées technologiques.
Dans l’Antiquité, les niveaux de vie entre les Romains et les peuples soumis et même les « Barbares » étaient relativement rapprochés, la vie économique étant alors basée essentiellement sur l’agriculture.
La religion antique se distinguait par son polythéisme diffus. Loin d’être un obstacle à l’intégration des peuples dans une plus grande communauté humaine, la pluralité des dieux pouvait concourir à « relativiser » le fait religieux, et cela d’autant plus que les divinités multiples semblaient calquées, dans leurs passions, faits et gestes, sur la société humaine.
Il existait des sortes de tables de correspondance entre les dieux des différents peuples.
L’avènement du monothéisme réducteur, dans ses diverses variantes (judaïsme, christianisme, mahométisme) rend nettement plus difficile voire impossible une relation religieuse apaisée avec l’« autre ».
Négation du reste de l’humanité, conversions forcées, croisades, « jihad », tel est le visage totalitaire du monothéisme.
Difficile dans ces conditions de trouver une voie harmonieuse.
Rumes 2/11/2009
Illustration : Carte de l’empire britannique