(Piazza San Pietro)

Colonnati che avete udito mio padre
Oggi mi ritrovo davanti
Al vostro lieve rigore
E mi pare che lo spazio dilaghi

Non fuggiaschi né pellegrini
Ma emigranti eravamo
Ed era d’estate

Quante speranze in quegli anni
Quanta tenacia quanti palpiti

Mitica appariva l’Italia
E possenti le antiche statue

(A Roma si sostava per alcune ore
Prima di tornare oltr’Alpi
Ed avevo quindici anni).

Roma 11/04/1991
Bruxelles 29/06/1992

Illustration : Gian Lorenzo Bernini (dit Le Bernin), 1656-1667 – Colonnades de la Place Saint-Pierre, Rome

De son cheval bondissant

De son cheval bondissant
Et hirsute
Le cavalier blanc
Menaçant et brandissant
Les attributs de la discorde

Des corbeaux sont venus se poser
Sur les corps qui dorment peut-être

Les arbres ne voyant personne

Et les nuages marrons
Parcouraient la plaine.

Antoing 25/04/1981

Illustration : Le Douanier Rousseau (Henri Rousseau, dit), 1894 – La Guerre ou la Chevauchée de la discorde

Avec sa taille haute

Avec sa taille haute
Et sa tête quasi chauve
Il inspirait à ses élèves
Une crainte sans pareille

Dans sa classe réputée austère
La mappemonde rendait
L’atmosphère encore plus pesante

En parlant de Rome et de la Gaule
Il nous montrait des photos de Glanum en Provence

Le souvenir de ‘40
Etait vivant à fleur de peau

Lorsque des cancres
Incisaient leur table de croix gammées
Ils étaient durement réprimandés

Les garnements se vengeaient du maître
En allant pisser sur son auto.

Tournai 18/08/1985

Illustration : Site gallo-romain de Glanum dans l’actuelle commune de Saint-Rémy-de-Provence (France)

Il giovane favoloso

Que dire du film de Mario Martone, « Il giovane favoloso » (que j’ai déjà revu plusieurs fois) ? Exceptionnel, intimiste, crédible.
Il rend compte avec réalisme et sensibilité de la vie de Giacomo Leopardi. Depuis sa bibliothèque-prison d’enfant prodige jusqu’à sa retraite napolitaine marquée par l’éruption du Vésuve, depuis la vision idyllique de l’enfance (noble et insouciante) jusqu’à sa vie ultérieure marquée par la déchéance physique et l’absence d’un amour véritable.
Le film rend bien la relation complexe avec le père et le milieu familial provincial et étouffant.
Au fur et à mesure que Leopardi se recroqueville, nous assistons à son calvaire et cruel destin. Physiquement, il devient, en dépit de son esprit ou peut-être justement à cause de lui, complètement dérisoire. Il a beau écrire des textes sublimes, c’est une sorte de gnome. Un pur esprit emprisonné dans un corps difforme.

Tournai 19/01/2016

Illustration : Mario Martone, 2014  – « Il giovane favoloso » (photogramme tiré du film), avec Elio Germano dans le rôle de Giacomo Leopardi

Je suis une paillette (dit-elle)

— Je suis une paillette (dit-elle)
La gloire de ce tableau vivant
Une merveille et plus encore
Et pourtant même si je brille
D’un éclat parfait j’aspire parfois
A moins d’apparat
Mais comment faire
Sans m’humilier ?
Que deviendra la scène sans moi
Est-ce qu’encore on me regardera ?

Bruxelles 3/12/2010

Illustration : Dana Chirpac – Femme blonde avec poussière de paillettes