Le casello du zio Carmelo – 2/5

Nous passions, lors de chaque séjour annuel en Sicile, plusieurs jours au casello. J’en garde encore aujourd’hui des souvenirs merveilleux, et parfois cocasses.
L’un des plus surréalistes et parmi les plus tenaces aurait même pu inspirer le peintre Delvaux !

Sachant que nous demeurions au casello, des membres de la famille venaient nous rendre visite. C’étaient alors d’interminables conversations, entrecoupées de rires et d’exclamations. L’occasion aussi de prendre un repas tous ensemble.

L’oncle Carmelo préparait un barbecue et l’on entendait déjà crépiter le bois sec en train de brûler. Au menu ? Des saucisses et des côtes d’agneau ! Les tables étaient dressées dans la cour devant la maison. Moi-même j’agrémentais la scène en jouant de l’accordéon.

Le casello n’étant pas desservi par l’électricité, aussitôt que l’obscurité avait commencé à envahir les lieux, la zia Carmelina allumait des lampes à pétrole qu’elle disposait pour la tablée.

Le repas était consommé dans la joie et la bonne humeur — dans la chaleur du soir et sous le scintillement de la voie lactée —, entre les trains qui montaient ou descendaient de Canicattì, de part et d’autre du casello.

Dans l’encadrement des fenêtres grandes ouvertes et illuminées des wagons apparaissaient les voyageurs, en contrejour : « Bon appétit et à votre santé ! » lançaient-ils avec force gestes, en riant et tout en s’éloignant, et nous tous depuis la cour du casello on répondait en les saluant de la main ou en levant nos verres ! Et cela n’interrompait pas le chant des grillons.

Tournai 7/12/2015

Illustration : Paul Delvaux, 1957 – Train du soir

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