Bibliothèque « privée »

Le Centre culturel de Tourcoing avait été réactivé après une période de léthargie.

Pour l’occasion, on avait invité quelques jeunes étrangers présents dans la ville, notamment une Camerounaise… et deux Siciliens : Angelo Gallo, mon cousin, et moi-même.

Evidemment, un journaliste (en l’occurrence de « La voix du Nord ») était venu faire une photo de l’évènement local et avait écrit un bref article pour l’une des éditions des jours suivants.

Un dialogue interculturel avant l’heure. Du moins dans les intentions. Bien sûr, cela n’a duré que ce que durent les roses, le temps de quelques rencontres, mais j’ai gardé de ces échanges le goût du dialogue, de la découverte de l’autre.

Exit ce candide exotisme, je me pris d’affection pour la bibliothèque du lieu. Non pas tant pour les livres dont la plupart n’étaient pas récents mais surtout pour l’environnement.

Car je me rendis compte assez rapidement que peu de gens (pour ne pas dire personne) fréquentaient cette bibliothèque.

Le cadre me convenait, j’en fis ma salle d’étude privée — je pouvais même consulter sur place diverses revues auxquelles le Centre était abonné, notamment les fameux magazines américains « Time » et « Life ».

La pièce était assez spacieuse sans être pour autant démesurée. Bien éclairée et bien chauffée, elle disposait de chaises et d’une grande table. J’y établis mes quartiers. C’était parfait.

C’est ainsi que pendant toute la durée de mes études secondaires, la bibliothèque du Centre culturel est devenue ma deuxième maison. Là, j’ai fait nombres de devoirs scolaires, j’ai élaboré des projets, j’ai composé des textes poétiques.

C’était ma retraite secrète, l’endroit où je pouvais me ressourcer. Une solitude bénéfique.

Bruxelles 1/02/2016

Illustration : Magazine « LIFE », page de couverture du 4 mars 1966

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