Guerre strane

Le guerre italiane sono strane. Mio padre, i miei zii, un cugino di mio padre hanno combattuto durante la seconda guerra mondiale sui teatri di operazioni più vari : in Africa orientale e settentrionale, in Russia, nei Balcani. Ai lati della Germania.

Ma, oltre che in Kenya, Algeria, Stati Uniti, si sono ritrovati prigionieri anche in Germania (ex alleato).

Sembra la prefigurazione di una « commedia all’italiana » anni ’60. Commedia amara e drammatica. Il cugino di mio padre dalla Russia non è mai tornato.

Rumes 18/02/2008

Illustration : Archives familiales – Calogero Ferrante, né en 1913 et porté disparu pendant la campagne de Russie en 1942

Blanc(s) – 3/3

Cette fois, qui sait, le thème pouvait m’inspirer.
Sur une page blanche, je commençai à transcrire des expressions où intervenait le mot « blanc ». Le domaine était vaste, diantre, et mon cerveau s’élançait tous azimuts !
Page blanche (justement !), blanc-seing, donner carte blanche, le cap Blanc-Nez, la mer Blanche, un domestique nourri, logé et blanchi, blanc comme lys, passer une nuit blanche, hisser le drapeau blanc, produit blanc, la Marche blanche, blanchir sous le harnais, bulletin blanc, blanc-bec, manger du boudin blanc et de la viande blanche…

Mon imagination poursuivait entre-temps les suggestions fomentées par ce(s) blanc(s).
Une nouvelle située dans l’Arctique, inspirée d’une légende inuit ou la chronique de l’inauguration d’une carrière de glace où l’on débiterait les blocs de banquise.
Un épisode inédit de la vie de Blanche-Neige fictivement attribué à Walt Disney.
Le journal secret d’un mafieux relatant minutieusement ses états d’âme et ses opérations de blanchiment d’argent.
Une histoire codée dans le milieu de la musique, jazz-band ou orchestre symphonique, où des notes et en l’occurrence des blanches auraient une signification dramatique bien précise.
Une histoire de téléphones blancs inspirée du cinéma italien des années 1930.
Une histoire de nom jeté, celle d’un certain « Blanc-Blanc », par exemple, et pour en augmenter l’agrément littéraire, je prétendrais que l’anecdote m’aurait été racontée par ma grand-mère lors d’une veillée funèbre.
Une histoire de mariage blanc entre noirs.
Une histoire de montagnes, de neige éternelle, de guides, de courage et de cran où interviendrait le Mont-Blanc. Et pour être politiquement correct, la dimension transfrontalière de cette célèbre montagne serait prise dans sa juste considération. Une variante pourrait en être la relation d’un acte d’héroïsme passé sous silence par les médias, lors de l’incendie qui avait provoqué la mort de quarante personnes en mars 1999 dans le tunnel, précisément, du Mont-Blanc.
Un récit de duel à l’ancienne, armes blanches, une histoire d’affront à laver dans le sang. Et lorsque l’affront aurait été lavé on apprendrait que le sang n’était pas rouge mais blanc, génétiquement modifié.
Une histoire d’espionnage industriel où la pièce maîtresse de l’enjeu serait un agent blanchissant au-dessus de tout soupçon ?

Mon cerveau avait beau battre la campagne, s’exalter, courir après les idées, sœur Anne, point de nouvelles en vue.
Non, décidément, l’inspiration me faisait défaut. Ce thème « Blanc(s) » ne me disait vraiment rien qui vaille, pas la moindre bribe d’inspiration.
Pour cette année c’était fichu. Adieu prix, réception, photos et télévision.
L’année prochaine, peut-être, qui sait, un thème qui m’irait comme un gant ? Tiens « gant(s) » ça pourrait être un thème intéressant, non ?

Bruxelles, 19/05/2006

Illustration : Gants de boxe

Blanc(s) – 2/3

Le règlement complet du concours précisait qu’il s’agissait du 3ième concours de nouvelles organisé par le Comité des usagers du Centre de Lecture publique d’Antoing, avec le soutien de la ville d’Antoing.
Le thème retenu était « Blanc(s) ». Ce mot « Blanc(s) » apparaissait écrit en blanc sur fond de cadre noir, à la manière d’un écran de cinéma ou de télévision en noir et blanc.
Le concours était ouvert à tout auteur d’expression française âgé de 15 ans ou plus.

La tentation de participer était forte. D’autant plus que pour ce qui est d’investir dans la gloire, précisément, la ville d’Antoing pouvait apporter un précieux coup de main.
Cette petite ville bien tranquille serait restée parfaitement anonyme si elle n’avait eu le privilège d’abriter, le temps d’une année scolaire, le futur général de Gaulle.

C’est maintenant de l’histoire ancienne mais à l’époque, en France, la loi de 1905 instituant la séparation de l’Eglise et de l’Etat avait provoqué des heurts et fait exploser les passions.
Nombres d’institutions religieuses avaient alors « émigré » en Belgique suivies de leurs élèves et du corps enseignant. Celui qui allait devenir le général de Gaulle se trouva entraîné dans cette équipée.

La notoriété de l’illustre hôte rejaillit maintenant indirectement aussi sur la petite ville qui l’avait accueilli.
Lorsqu’une biographie du général est traduite en albanais, en chinois ou en bahasa indonesia, le nom d’Antoing résonne à Tirana, à Pékin ou à Djakarta.
On a beau dire, le voisinage des Grands, ça aide quand même.

En outre, tout près d’Antoing, on trouve le village de Fontenoy, oui, exactement, celui de la célèbre bataille combattue le 11 mai 1745 pendant la guerre de Succession d’Autriche et au cours de laquelle furent prononcés les mots célébrissimes : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ».
La bataille qui avait commencé à 5 heures du matin prit fin vers 14h et se solda par la défaite des Anglais (les Français, après les formules de politesse, finalement, tirèrent les premiers).
Antoing et Fontenoy, le Général et les Anglais, on sent dans ces éléments historiques comme la présence de puissantes forces aimantées.

Ayant pris connaissance du thème, je commençai à réfléchir à quelque intrigue possible. Mais d’abord, mettons tout de suite les choses au point.
S’il est vrai qu’il m’est arrivé d’écrire des nouvelles, il m’est difficile pourtant d’en créer sur commande.
J’ai pendant très longtemps composé de la poésie, mais lorsque l’inspiration était présente ou lorsque elle se faisait la malle, ce n’était jamais sur ordre.
Spontanéité, immédiateté, brièveté sont mes maîtres-mots. Je n’écrirai probablement jamais de romans. Car dans la distance j’ai le souffle court.

Bruxelles, 19/05/2006

Illustration : Henri Grobet, 1902 – Bataille de Fontenoy (1745)

Blanc(s) – 1/3

Une amie m’informa de l’existence de ce concours de nouvelles. « Peut-être cela pourrait-il t’intéresser », ajouta-t-elle. Et elle me remit un avis de concours qu’elle avait découpé dans un journal publicitaire.

Ecrire une nouvelle, c’est vite dit. Les gens qui décident d’organiser un concours d’écriture choisissent un thème — parfois suggéré par la femme de l’organisateur en chef ou par une lubie incompréhensible du même —, déterminent les conditions du concours, en particulier le terminus post quem, trouvent des sponsors pour le financement (Caisse d’épargne, Municipalité, entreprise de réfection industrielle…), informent la presse de cette intéressante initiative culturelle et (pour eux) l’affaire est dans le sac. Y a plus qu’à attendre.
Aux écrivains (ou aspirants écrivains) de se remuer les méninges.

Oui, mais écrire une nouvelle ce n’est pas si simple. Il faut trouver quelque chose qui ait du chien, qui soit original, qui soit cohérent et tienne la route (la fameuse« économie du récit »), qui ne soit pas trop long (le récit devra contenir impérativement autant de signes) et qui soit bien sûr inédit (condition sine qua non).

Bref, ce n’est pas une mince affaire, surtout si l’on vise le premier prix (doté de x euros) avec réception officielle, photos dans le journal et, pourquoi pas, une brève apparition dans un reportage de la télévision locale.
Il s’agit à proprement parler d’un véritable investissement dans les premiers degrés de la gloire.

Bruxelles, 19/05/2006

Illustration : Astrid Lafalize, 2007 – Ancien hôtel de ville d’Antoing

La colonisation de la planète Mars

La colonisation de la planète Mars fascine mais semble fort lointaine. Pour l’heure, l’esprit pionnier et les considérations scientifiques figurent au premier plan. La recherche de la vie, cette nouvelle quête du Graal, occupe tout le devant de la scène. Par conséquent, la préservation de la chance de trouver la vie sur Mars prévaut.

Il n’en sera pas toujours ainsi : soit qu’on aura trouvé des traces de vie alien et alors l’exobiologie sera « normalisée » et deviendra comme une extension de la biologie terrestre, soit on ne trouve rien et Mars deviendra une extension des « déserts » terrestres.

Dans les deux cas, après une période d’attente, les forces conjuguées de l’ambition humaine, des progrès techniques, des enjeux géopolitiques de puissance, de l’esprit de lucre (masqué sous les nobles traits de la science et de l’humanitarisme — accordons deux planètes à la race humaine !) pousseront les décideurs à terraformer Mars.

Et cela se produira très rapidement. Tant pour la décision que pour le processus de terraformation. Aussitôt amorcée, l’expansion de la vie sur Mars se déploiera d’une façon exponentielle. On assistera, avec émerveillement, à une réédition sur la planète rouge de l’explosion cambrienne terrestre.

Rumes 21/01/2018

Illustration : Vue d’artiste de la terraformation accomplie de la planète Mars : vers le centre de l’image, on peut reconnaître « Valles Marineris »

Il viaggio

Già da alcuni mesi avevo capito che lei non sarebbe più rimasta da sola a lungo nella sua casa sebbene si vantasse di essere autonoma, di fare le spese da sola, di poter reggere tutto come di solito.
Orgoglio di non chiedere niente a nessuno, consuetudine radicata di poter fare tutto da sé.
E lo dimostrava anche : ogni volta che pranzavo o cenavo da lei mi preparava da mangiare come prima, esattamente come prima. Mi assicurava che tutto andava bene.
Ma constatavo che la sua memoria cominciava talvolta a balbettare, ogni tanto non ritrovava talune cose.
Mi sentivo in dovere di agire in qualche modo, a breve scadenza, per prevenire situazioni più gravi.

Qualche giorno dopo il suo compleanno (festeggiato al ristorante, noi tutti contenti, lei felice), gli eventi erano precipitati.
Ricoverata in ospedale per più di un mese. Per problemi molto gravi. Probabilmente, da almeno un anno aveva smesso di prendere alcuni medicinali.
Non sarebbe più potuta tornare a vivere da sola a casa sua. Era definitivamente escluso.

Ma era difficile anche per la famiglia tollerare la semplice idea (prospettata) di farla « ospitare » in un ricovero per persone anziane. Accorrevano con le armi in mano : le tradizioni, i sensi di colpa, il desiderio forte di agire diversamente.

« — Se vai a stare con tua figlia, cosa ne pensi ? »
« — Da mia figlia io ci resterò volentieri. È mia figlia… ».

È così che la mamma ha lasciato la Francia dove era vissuta da tanti anni e la sua cara casa.
L’ho accompagnata io in Italia, da mia sorella.

È stato un viaggio intenso, seppur breve, in aereo.
All’arrivo, sulla pista d’atterraggio, gli tenevo il braccio mentre ci dirigevamo verso gli edifici dell’aeroporto. Seguivamo la segnaletica che indicava il percorso obbligatorio. Io pensavo intanto : si sta chiudendo un vasto ciclo, e mi tornava in mente l’arrivo in Francia quando io ero bambino. Era lei allora a tenermi per mano.

Questa visione si è materializzata in un istante. Poco più avanti una donna teneva il braccio di un bambino che gli stava accanto. Poi li abbiamo sorpassati.

Rumes 26/12/2008

Illustration : Carlo Carrà, 1917 – Madre e figlio (Mère et fils)

La séduction possède ce pouvoir

1

La séduction possède ce pouvoir
Inquiétant exorbitant
De réduire l’autre à merci

2

Gravir les degrés du corps
Manipuler le vertige des intentions
Peut conduire à l’apaisement le plus fort

3

Mais en voulant rejoindre l’absolu
On découvre parfois les rouages
De l’indifférence de l’ironie du sort
A mi-chemin entre l’austère morale
Et l’allégresse du voyeur.

Bruxelles 23/12/1987

Illustration : Nick Caro, 2011 – Rouages

ZH et CC

Comparée à la flotte impériale chinoise du grand navigateur Zheng He (1371-1433) — 200 navires, un navire amiral une fois et demi plus long qu’un terrain de football et près de 30 000 personnes (marins, soldats, artisans, concubines, astronomes, cartographes) composant les expéditions navales —, la flottille de Christophe Colomb semble bien dérisoire.

Pourtant, les voyages de l’amiral Zheng He ne constitueront, en fin de compte, que des expéditions de prestige visant tout au plus à recueillir des tributs en faveur de l’empereur de Chine.

Les trois coquilles de noix de Christophe Colomb, amiral de la mer océane, bouleverseront l’état du monde avec des effets durables — dans le bien et dans le mal — jusqu’à nos jours.

Mais cette éclosion maritime chinoise précoce et la colonisation chinoise avortée laissent entrevoir ce que pourrait être, à lavenir — mais il est déjà amorcé —, le réveil complet de la Chine : un ordre de marche démesuré, global, coordonné.

Rumes 15/09/2009

Illustration : L’armada de Zheng He