
Le règlement complet du concours précisait qu’il s’agissait du 3ième concours de nouvelles organisé par le Comité des usagers du Centre de Lecture publique d’Antoing, avec le soutien de la ville d’Antoing.
Le thème retenu était « Blanc(s) ». Ce mot « Blanc(s) » apparaissait écrit en blanc sur fond de cadre noir, à la manière d’un écran de cinéma ou de télévision en noir et blanc.
Le concours était ouvert à tout auteur d’expression française âgé de 15 ans ou plus.
La tentation de participer était forte. D’autant plus que pour ce qui est d’investir dans la gloire, précisément, la ville d’Antoing pouvait apporter un précieux coup de main.
Cette petite ville bien tranquille serait restée parfaitement anonyme si elle n’avait eu le privilège d’abriter, le temps d’une année scolaire, le futur général de Gaulle.
C’est maintenant de l’histoire ancienne mais à l’époque, en France, la loi de 1905 instituant la séparation de l’Eglise et de l’Etat avait provoqué des heurts et fait exploser les passions.
Nombres d’institutions religieuses avaient alors « émigré » en Belgique suivies de leurs élèves et du corps enseignant. Celui qui allait devenir le général de Gaulle se trouva entraîné dans cette équipée.
La notoriété de l’illustre hôte rejaillit maintenant indirectement aussi sur la petite ville qui l’avait accueilli.
Lorsqu’une biographie du général est traduite en albanais, en chinois ou en bahasa indonesia, le nom d’Antoing résonne à Tirana, à Pékin ou à Djakarta.
On a beau dire, le voisinage des Grands, ça aide quand même.
En outre, tout près d’Antoing, on trouve le village de Fontenoy, oui, exactement, celui de la célèbre bataille combattue le 11 mai 1745 pendant la guerre de Succession d’Autriche et au cours de laquelle furent prononcés les mots célébrissimes : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ».
La bataille qui avait commencé à 5 heures du matin prit fin vers 14h et se solda par la défaite des Anglais (les Français, après les formules de politesse, finalement, tirèrent les premiers).
Antoing et Fontenoy, le Général et les Anglais, on sent dans ces éléments historiques comme la présence de puissantes forces aimantées.
Ayant pris connaissance du thème, je commençai à réfléchir à quelque intrigue possible. Mais d’abord, mettons tout de suite les choses au point.
S’il est vrai qu’il m’est arrivé d’écrire des nouvelles, il m’est difficile pourtant d’en créer sur commande.
J’ai pendant très longtemps composé de la poésie, mais lorsque l’inspiration était présente ou lorsque elle se faisait la malle, ce n’était jamais sur ordre.
Spontanéité, immédiateté, brièveté sont mes maîtres-mots. Je n’écrirai probablement jamais de romans. Car dans la distance j’ai le souffle court.
Bruxelles, 19/05/2006
Illustration : Henri Grobet, 1902 – Bataille de Fontenoy (1745)