Sept cétacés c’est assez

(Interlude fantaisiste)

Sept cétacés c’est assez
Disent les sept ascètes à Sète
Et pas plus de six scies
Ajoutent les trois de Troie de Troyes et de Détroit
Mais que du neuf précisent les neuf
Quant aux deux d’Eu
D’eux point d’œufs !

Rumes 14/09/2022

Illustration : Eric Lamblin et Guillaume Boeye – Baleines au large de l’île de la Réunion
« Dans l’intimité des baleines » (2019)

La chauve-souris

Avec tes ailes rapiécées
Et tes airs de vampire
Tu sembles être sortie
D’un film horrifique
Pourtant c’est bien toi
Et non une colombe
Qui a servi de modèle
A Ader pour son engin
Volant mécanique
La beauté ne serait-elle
Donc seulement qu’un
Banal revêtement plastique ?

Rumes 18/05/2020

Illustration : L’Avion III de Clément Ader, 1897

Francophonie : jadis et maintenant

Quand on parle de suprématie de la langue française en Europe au cours des siècles passés et tout particulièrement à l’époque médiévale (XIe – XIVe siècles) et puis aux XVIIe et XVIIIe siècles, si l’on insiste, comme il se doit, sur la qualité et le prestige des œuvres culturelles produites alors, de même que sur la fortune politique et militaire de la monarchie française, il est une considération qu’on néglige généralement : celle liée à l’importance de la démographie.

Du Moyen Age jusqu’au début du XIXe siècle, la population française a été numériquement la plus importante d’Europe (juste derrière la Russie).
Cet élément permet de mieux comprendre certains rapports de force vis-à-vis des autres nations européennes ainsi que le dynamisme récurrent de la France d’alors.
Le rayonnement de la langue et de la culture françaises ne peut, à mon sens, être dissocié de ce constat.

La montée en puissance de l’anglais et ensuite de l’anglo-américain (à partir du XVIIIe siècle) tendrait à confirmer cette « vision » démographique.
L’Angleterre jadis, avec l’essaimage de ses colonies de peuplement et, plus tard, le dynamisme démographique des Etats-Unis d’Amérique ont permis à la population de langue et de culture anglaises d’asseoir une puissante hégémonie sur leurs partenaires/concurrents occidentaux ayant d’autres identités culturelles.

Les U.S.A., à eux seuls, se retrouvent maintenant, en Occident, dans la même position de suprématie démographique que jadis la France par rapport à l’Europe.
Pour comprendre l’influence de cette « révolution » démographique, il suffit d’avoir conscience des chiffres.
Au XVIIIe siècle, la population française s’élevait à 22 millions d’habitants à comparer aux 7 millions de l’Angleterre et aux 4 millions des Etats-Unis d’Amérique.

De nos jours, la population de la France a atteint les 60 millions d’habitants, mais le Royaume-Uni a rejoint également les 60 millions et la population des U.S.A. a progressé, quant à elle, jusqu’à près de 300 millions d’habitants.
Pas étonnante, dès lors, la constatation de la suprématie anglo-saxonne par rapport au français.

Bien entendu, la variable « démographique » n’est pas tout et ne saurait, à elle seule, engendrer tout le dynamisme anglo-saxon moderne.
Cette variable, cependant, joue à mon avis un rôle important.

Kirkhult 18/08/2008

Illustration : Château des Tuileries du côté du Pont Royal (Paris, France), 18e siècle

Sur un quai de la gare de Milan

Un jour, alors que je trainais dans une bouquinerie, un livre de poche me tombe sous la main. Il était consacré au « Marché commun », précurseur de l’actuelle Union européenne. Des planches photographiques hors-textes en noir et blanc venaient agrémenter, à intervalles réguliers, le contenu du livre.

C’est dans une des photos venant illustrer les thèmes sociaux, que j’ai cru me reconnaître. Debout sur un quai de la gare de Milan. Un air vaguement préoccupé, les mains sur les hanches, pull en V, culottes courtes. Années ’60.

Je semble surveiller un bagage. Près de moi un groupe d’émigrants. Des hommes, des femmes, quelques enfants. A leurs cotés, un petit amoncellement de valises en cartons.

En arrière-fond de cette scène, on distingue un panneau publicitaire. Réclame célébrant les fameux chocolats Baci Perugina. Comme en écho de la vie réelle, on remarque dans ce message l’image d’une valise en carton ficelée — pareille à celles disposées sur le quai.

Tournai 29/02/2016

Illustration : Migrants sur un quai de la gare de Milan (Italie), années ‘60

Continuum

Il n’y a pas d’un côté le blanc et d’un autre côté le noir : il y a un continuum.

Il n’y pas d’un côté le pire et de l’autre côté le meilleur : il y a des degrés, qui peuvent être franchis objectivement (et subjectivement) dans un sens ou dans l’autre.


Tout le reste n’est qu’idéologie, propagande, leurre.

Rumes 28/08/2009

Illustration : Nuancier noir-blanc-blanc-noir