
Les cosmologues et les physiciens nous informent que les ondes qui nous entourent voyagent dans l’univers à une vitesse qui ne peut dépasser la vitesse de la lumière.
Ce qui implique, à l’échelle de la vastitude de l’univers observable, une diffusion de ces ondes suivant une allure qui approche celle d’un train de sénateur !
Ainsi les premières émissions de radio commerciale émises sur terre (à partir de la deuxième décennie du 20e siècle) et diffusées à travers l’espace poursuivent-elles pour l’éternité leur course dans toutes les directions de l’espace cosmique.
Elles n’auraient parcouru qu’un rayon d’une centaine d’années lumière autour de la Terre, une distance à proprement parler infime mesurée à l’échelle de l’univers.
Je songeais un jour, précisément à ce décalage en écoutant un air de tango des années 1920 (*) que je venais de découvrir et qui m’avait charmé au sens fort du terme, jusqu’au point de l’écouter en boucle.
Je me disais : voici un air qui vient de loin, de bien avant ma naissance, et qui me rejoint à travers le temps et l’espace.
Comme il était de coutume dans les tangos de cette époque, on y trouve deux strophes chantées, à partir du milieu de la composition.
En écoutant ce morceau, un sentiment d’étrangeté m’envahissait provoqué par les sons parfois discordants et le bruit de fond de cet enregistrement d’un autre âge : mais surtout par l’accompagnement instrumental au rythme soutenu, les quelques mots chantés parfois hachurés, la mélodie suggestive et lancinante…
J’ai alors pensé aux ondes radios qui parviennent jusqu’à la terre et pouvant provenir du fin fond de l’univers.
Un jour, me suis-je dit, nous entendrons de la musique et des chants étranges, émis voilà peut-être des milliards d’années, des sonorités inusitées et nous serons à la fois émerveillés, ébahis et stupéfiés de ces échos d’une civilisation cosmique depuis longtemps disparue…
Namur 21/05/2022
Illustration : « Alma tanguera », Disco Nacional Odeon
(*) « Alma tanguera » (1927), orquesta tipica Francisco Canaro,
“estribilista” Roberto Diaz ou, suivant d’autres sources, Agustín Irusta