
Mon professeur me donnait toujours l’impression d’un être désenchanté et soucieux, même s’il lui arrivait aussi de plaisanter. Sa femme se plaignait souvent d’avoir froid : il s’en moquait gentiment.
C’est lui qui m’a raconté qu’avant la seconde guerre mondiale, dans toute la zone frontalière (Tourcoing, Roubaix, Mouscron…), il y avait un café à chaque coin de rue et que tous les samedis c’était bal musette. Période d’or de l’accordéon. Il en parlait avec certaine nostalgie. Tout avait bien changé depuis. La grande salle de bal de Tourcoing, dans l’après-guerre, avait été convertie en Monoprix !
Mais il était dit que je ne serais devenu ni virtuose ni grand musicien ni même vraiment musicien puisque j’ai arrêté de jouer de l’accordéon vers la fin de l’adolescence.
Parfois, très exceptionnellement, j’en ai rejoué, à l’occasion de l’une ou l’autre fête où toute la famille et même des amis étaient réunis. Avec le sourire, mais sans grande conviction. « Comment ! Tu sais jouer de l’accordéon ?!? ».
Bruxelles 27/01/2016
Illustration : Archives familiales, 1985 – Arcangelo Petrantò en train de jouer de l’accordéon