
J’ignore ce qui vient après la mort, paradis ou enfer ou néant. Par contre je sais que dans la vie présente ce qui est permanent, et même forme le socle de notre conscience, ce sont l’angoisse et la souffrance.
Celles-ci sont inhérentes à l’état « matériel » de la vie, à son extrême fragilité, à la férocité de l’environnement naturel.
La faim, la soif, l’instinct nous régissent. La terreur de vivre nous a poussés à fabriquer des règles ou des utopies pour supporter ou justifier les structures du vide. Pour en être dupes.
Nous élaborons des projets pour remplir le temps, pour tenter de le réduire à nos dimensions.
Mais la douleur est toujours à l’affût derrière le hasard des jours et nous reconduit invariablement au cœur de notre condition.
Bruxelles 27/03/1997
Illustration : Le paradis de Shambhala, bannière tibétaine (soie peinte), Musée national des arts asiatiques-Guimet, Paris, France