Intelligence artificielle et créativité (3/3)

La créativité automatisée de l’IA fait songer, mutatis mutandis et toutes proportions gardées, à la révolution introduite jadis par la photographie argentique par rapport à l’art pictural manuel.

Il est bien évident qu’il importe désormais de savoir maîtriser l’outil constitué par l’intelligence artificielle comme au 19e siècle il avait fallu apprendre l’usage adéquat de l’appareil photo pour obtenir automatiquement par captation de la lumière une image (parfois artistique) du réel.

Bien sûr, pourra-t-on rétorquer : l’IA est impérativement dépendante de l’ensemble du contenu internet qu’elle a ingurgité. C’est vrai. Même si les occurrences créatives issues de cet amoncellement de connaissances peuvent déjà potentiellement s’élever à des milliards de milliards de formes.

Mais la situation n’est pas figée car, dès lors que l’IA disposera de la mobilité à l’instar des humains (et elle l’obtiendra), elle pourra considérablement élargir, explorer et expérimenter de nouveaux champs de connaissances.

Elle agira comme l’intelligence humaine en intégrant — par la découverte/exploration intensive et détaillée du monde — de nouveaux acquis aux anciennes connaissances : par imitation, association, assimilation.

Ne dit-on pas « vaisseau spatial » pour distinguer ce-dernier d’un « vaisseau naval » ?

Ne dit-on pas « embarquer » dans un avion alors qu’il ne s’agit en aucune manière de s’installer dans une barque ?

N’a-t-on pas dénommé « avion » un engin volant en s’inspirant d’un animal volant, d’après le mot latin « avis » signifiant « oiseau » ?

L’IA procédera de la même manière et sa créativité deviendra éblouissante, dépassant sans nul doute la créativité humaine, avec tous les bienfaits et les risques que cela comportera.

Rumes 30/04/2025

Illustration : Bateau volant du père jésuite Francesco de Lana (1670)

Laisser un commentaire