Le colonialisme, à sa manière, avait érigé une barrière entre l’Occident et le reste du monde. L’Europe et l’Amérique constituaient des sanctuaires inaccessibles aux peuples d’Afrique et d’Asie.
Mais le vent a tourné et l’Europe est redevenue ce « petit cap du continent asiatique », suivant la formule saisissante de Paul Valéry. Avant ce dernier, Nietzsche avait parlé de l’Europe comme d’une « petite presqu’île avancée » de l’Asie.
Rumes 13/09/2009
Illustration : Johannes Putsch, années 1530 – « Europa regina » (Reine Europe ou Dame Europe)
Cette allégorie de l’Europe sous les traits d’une reine est ici représentée dans l’édition de 1588 de la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster
Mon interlocutrice (a des enfants, vit seule) confirme : les quadras (hommes) sont bifaces.
Certains, qui ont hâte de regagner le temps perdu, veulent des enfants, vite. Les autres, dépités, aigris de leurs aventures conjugales, ne cherchent qu’une épaule sur laquelle pleurer (pleurnicher), une oreille qui sache les écouter (toutes les femmes sont pareilles, disent-ils).
Mon interlocutrice a donc décidé de ne pas choisir. Ni les uns lui conviennent, ni les autres. Et ce ne sont pas les prétendants qui manquent (paraît-il).
Ce serait comme devoir choisir entre la peste et le choléra (à la manière antique, tomber de Charybde en Scylla).
Rumes 11/12/2007
Illustration : Arcangelo Petrantò, 2025 – Deux quadras Image générée par IA (intelligence artificielle)
Hélas, je ne possède pas ta « science littéraire » et l’analyse textuelle telle que tu la pratiques est hors de portée pour moi (cf. l’analyse magistrale que tu avais faite d’un de mes poèmes)… Je me contenterai donc d’émettre sur certains textes que j’ai préféré quelques jugements critiques totalement subjectifs basés uniquement sur des impressions…
Mais d’abord, je voudrais faire une distinction que j’estime légitime (mais là aussi totalement subjective) quand il s’agit de lire des textes poétiques (et tout particulièrement poétiques) à savoir la distinction entre des textes que l’on perçoit immédiatement (et dont l’apparat critique viendrait plutôt affadir la perception) et des textes pour lesquels les éléments critiques seraient plutôt nécessaires (et viendraient au contraire renforcer la perception).
Pour ces derniers textes, par éléments critiques j’entends un approfondissement de la matière poétique et donc de la langue, la connaissance de l’auteur (éléments biographiques), les significations vraisemblables.
« Partance » serait le prototype du premier type de lecture. Dans ce texte, tu as su préserver un mystère. Tu as su dématérialiser la réalité. Et la suggestion me suffit. En savoir plus, peut-être, nuirait à l’éclat des sensations…
« Andalousie nocturne », par contre, serait le prototype du second type de lecture. C’est probablement mon texte préféré. Comme tu as su rendre vivante cette anecdote de ta vie que tu m’avais racontée de vive voix ! Ici, le fait de te connaître un peu, d’en savoir « plus » sur cette expérience, donne davantage de profondeur à l’événement et donc au contenu.
J’aime le réalisme de « J’aime les tulipes ». Cette sorte d’interpellation qui est en fait un aveu de tes propres attirances est presque émouvante.
Du « Petit sonnet dragueur », personnellement, je ne garde que les trois derniers vers. Mais quel raccourci prometteur !
« Mes amours de grenaille et de ramon » est un texte que je trouve amusant même si, c’est vrai, je ne suis pas trop sensible aux effets de langue pour les effets de langue. Mais celui-ci laisse entrevoir à travers les jeux de mots, et les sonorités en « aille », des péripéties variées d’amour et peut-être en filigrane des « aïe » ?
« Consuelo » est un texte qui enivre. On dit que les Vénézuéliennes sont les plus belles femmes du monde… J’en ai déjà rencontré au moins deux et je peux témoigner que cela doit être vrai…
« Sous le Christ cloué », bel exemple d’anecdote poétique. Image parfaite. Photo Polaroïd.
« Angélique ». Courte et efficace. Rien à voir avec Béatrice. Dante en serait tout retourné.
« A ma flamande », me plaît pour son aspect un peu mystérieux, magique, sensuel (ah ! ces cigarettes blondes…) même s’il laisse à la fin un certain sentiment de malaise. Cette lecture pourrait suffire. Mais, en fait, on aimerait en savoir plus sur ces brunes et ces blondes, sur cette ronde, sur celui qui souhaite être repris dans la ronde, sur ces hommes (commence alors l’inquiétude ?).
Voilà, je ne pense pas être un bon critique. Mais je t’ai donné quelques impressions sur les textes qui m’ont le plus touché. Je te remercie pour la confiance que tu m’accordes et ton amitié.
Rumes, 16/04/2004
Illustration : Antonio Cabral Bejarano, 1842 – La danseuse de boléro
Message envoyé à Antoine Pollet — poète, enseignant et permanent syndical national — à l’occasion d’un échange de correspondance suite à une lecture croisée critique de quelques uns de nos textes poétiques
Raccolta di poesie a dire il vero più unica che rara quella che ci è capitato di avere recentemente sotto gli occhi. Intitolata « Ene séquoi d’mi » — « Quelque chose de moi » — « Qualcosa di me », l’opera raccoglie testi originali in lingua piccarda scritti da Paul Mahieu e pubblicati dalle edizioni Scribande.
L’unicità della pubblicazione consiste nel fatto che a fronte dei testi in piccardo troviamo una traduzione-adattamento non solo in francese ma anche in toscano-italiano. Mentre la versione in francese è stata eseguita dallo stesso autore, quella in toscano-italiano è dovuta ai coniugi Vinciane Mahieu e Maurizio Rossi i quali vivono a Firenze e sono rispettivamente figlia e genero del poeta.
La raccolta sembra esprimere quella spronante attesa e fiducia del « pellegrino/solo soletto » che compie quel « viaggio sempre da fare/là dove non si spera piu di andare ». Via via il cammino prende le apparenze di una donna con « le sue gambe annodate su di noi », di qualche figliola la cui porta rimane sempre socchiusa o meglio delle « donne-carnevale » a cui si chiede — aprendo le braccia — il nome.
Il desiderio così intenso della meta trasfigura persino in gente gli stessi spaventapasseri o conserva del percorso il ricordo ingigantito di certi particolari come il « convolvolo impigliato nella rete », « il sasso panciuto » o « gli astragali che un perdente ha calciato fuori ».
Un sogno forse solo un sogno quel viaggio o il corso stesso della vita? « Forse non è ancora proprio lontano » il traguardo, ancora un po’ e ce la potrebbe fare il viandante. A rischio di trovarsi davanti ad « una porta che dà sull’acqua/su niente/sul vento ».
Nel corso di una serata dedicata alla presentazione delle ultime opere pubblicate dalla « Scribande » sono stati recitati, venerdì 13 gennaio presso la « Maison de la Scribande », a Wez (nel Tournaisis) diversi testi in francese e in piccardo tratti da queste recenti pubblicazioni.
Tra le raccolte così evidenziate figurava ovviamente « Ene séquoi d’mi » — « Quelque chose de moi » — « Qualcosa di me ». L’originalità trilingue della pubblicazione si è espressa persino al momento della lettura delle poesie scelte poiché sono state recitate anche in italiano.
Taintignies 01/1995
Illustration : Arcangelo Petrantò, 2025 – Epouvantail au milieu d’un champ Image générée par IA (intelligence artificielle)
Publié in : Club di conversazione italiana di Tournai (Lo Specchio), Bollettino n. 23 / febbraio 1995
La fenêtre était ouverte Et le monde étalait sa lumière Des philosophes au visage sévère Etaient penchés à l’embrasure Et chacun leur tour s’efforçaient de saisir Une parcelle d’apparence Et projetaient de donner un sens A cette ordonnance de formes variées et curieuses
Par la fenêtre ouverte Le monde leur paraissait accessible Et dans leur fascination Tantôt définitif tantôt éphémère (Peut-être même imaginaire comme L’affirmait péremptoirement celui Qui s’habillait toujours de rouge) Ils postulaient quelle force pouvait Provenir de leur être Afin d’intervenir sur la matière Puisqu’un savant (un collègue) Avait décomposé le réel figurant Derrière la fenêtre En certains éléments essentiels Et démontré leur inconsistance (Paradoxe suprême) Leurs disputes avaient-elles été vaines ?
Mais quittons un peu cette pièce Et ouvrons le champ par-delà la fenêtre Plus loin à deux pas du soleil
Icare tente de s’enfuir De l’énigme sordide et cruelle Et les philosophes qui n’en savent rien Sont partis entre-temps faire leur sieste…
Bruxelles 27/05/1987
Illustration : Arcangelo Petrantò, 2025 – « Le vol d’Icare » Image générée par IA (intelligence artificielle)