J’allais disséminant les flammèches

J’allais disséminant les flammèches
Dans la plaine à découvert

Puisant dans ma gibecière
Entre les sillons de la terre
Surgissaient des piécettes brisées
Je ne regardais pas en arrière.

Bruxelles 1/09/1994

Illustration : Arcangelo Petrantò, 2023 – « J’allais disséminant »
Image générée par IA (intelligence artificielle)

Jeune fille au livre

A quelques mètres de distance de moi, elle tenait entre les mains un gros ouvrage qui tout de suite m’intrigua.
Je pouvais distinguer, presque à chaque page, des figures stylisées, des courbes variées, des amorces de représentations.

Oui, cela ressemblait à un livre à caractère à la fois artistique et scientifique : j’aurais juré un « Traité sur les œufs » !
Œufs de poules, de serpents, de condors, de tortues, d’autruches, de dinosaures…
 
La jeune fille feuilletait ce livre d’une manière presque inattentive.
C’était une étudiante et son livre un traité de mathématiques. Des courbes, des paraboles…
 
C’était une jeune fille blonde aux cheveux longs et lisses.
Je n’ai jamais été brillant en mathématiques.
Elle avait de beaux cheveux lisses.

Rumes 9/10/2008
 
Illustration : Edward Hopper, 1938 – Compartiment C

Ho sorretto il mondo

Ho sorretto il mondo
Per tanti e più
Millenni senza provare
Nessunissimo affetto anzi
Senza nemmeno guardare
Al di sopra delle spalle
Mi bastava il peso
Degli orbi possenti
Delle rocce più dense
Ammassate dal caos

 
Ma adesso però
Con i giganti miei fratelli
Vogliamo vivere allo scoperto
Nelle valli terrestri
In mezzo alle foreste
O a piacimento
Tra le pianure
Presso i fiumi
Nel grembo chiaro
Delle urbi
Scalare le vetti
Toccare le nuvole
Ma lo vorranno lassù gli dei ?

Taintignies 3/05/1989

Illustration : Giulio Romano (Jules Romain), entre 1532 et 1535 – Salle des Géants
(Palais du Té, Mantoue, Italie) (détail)

J’ai vu la Loire

J’ai vu la Loire
Indolente et belle
Parsemée d’îlots

J’ai vu les ponts, les rives
Les Palais superbes

J’ai suivi le fil de l’eau
Mais sans rejoindre l’Océan

M’accompagnaient dans cette allure
Des nuages gris et blancs

Et dans mon esprit se levaient
Les ombres de Du Bellay
Et de Leonardo.

Bruxelles 12/07/2010

Illustration : Félix Vallotton, 1923 – Bancs de sable sur la Loire