J’avais invoqué Saint Antoine Vénus et même le Vautour Mais aucun n’a répondu Saint Antoine est resté de bois Sur son piédestal de stuc Vénus n’est pas sortie de son bain Et le Vautour a continué De tournoyer au loin Complètement aveugle et sourd.
Lanslebourg 1/09/2009
Illustration : Jean-Baptiste Camille Corot, entre 1873 et 1874 – Vénus au bain
Les textes poétiques qui parsèment ma vie (mes bouts de papier) ressemblent aux petits cailloux semés par le Petit Poucet… Comme si j’avais été animé, depuis l’adolescence, par le besoin de marquer ponctuellement ma flèche du temps. Pour esquiver aussi l’angoisse de me perdre, par une géolocalisation à intervalles réguliers…
Bruxelles 22/06/2016
Illustration : Julie Faulques, 2016 – Le Petit Poucet (conte de Charles Perrault, 1697)
Andare a Namur Vuol dire scoprire facce nuove E magari scassare qualche BMW
Quando uno ha sete Cominciano poi le cose serie Si vede una casa appartata C’è proprio scritto « Café-Restaurant » Allora si parcheggia la macchina E forza si entra con vigore
Ahimé che sorpresa A sinistra due poltrone E un divano messi lì chissà perché
E in fondo a destra un bancone Senza bottiglie né bicchieri Ma dov’è il cameriere ?
In un attimo scompare il dubbio Sopraggiunge una signora Forse del ritrovo la padrona …Finisce proprio di abbottonarsi La camicetta a colori
Allora senza perdere il controllo Si chiede a lei sommessamente Tra il serio e lo scherzo —Ma questo sarebbe un caffè ?
Risponde lei con un sorrisetto Appena velato di stupore —Direi proprio di no… veramente.
Bruxelles 11/12/1985
Illustration : Pensionnaire de la maison close « Aux Belles Poules », années 1920 (Paris, France)
La tendresse n’est pas de mise dans les nécropoles. A l’intérieur des tombeaux, l’émotion. Plongeur ! Délice des flots. Parfum des fleurs. Magie des couleurs. Cette humanité en suspens. Enivrée de sa quotidianité, entourée de ses armes, de ses tuniques, de ses onguents. Et de l’indicible sentiment de l’éternel présent. La joie de vivre émanant des parois de l’intérieur des tombeaux provient de ce que l’émotion a surmonté l’épouvante de la vermine, de la décomposition. Le sourire narquois des Etrusques renvoie à la vérité de la connaissance, à l’accomplissement de la destinée, au bien-être physique ressenti comme part essentielle du bonheur. La prophétie de Tagès avait fixé à mille ans leur destinée.
Bruxelles 17/04/1996
Illustration : Art étrusque, dernier quart du 6e siècle av. notre ère – Tombe de la Chasse et de la Pêche, scène du plongeur (nécropole de Monterozzi, Tarquinia, Italie)
Dans notre vie il y a au moins deux histoires qui s’entrelacent.
Notre histoire qu’on pourrait appeler positive ou « réalisée » ou « figée » ou « actuelle » : c’est celle dans laquelle nous sommes engoncés. Et puis une deuxième histoire plus ou moins déconnectée de la première qui nous hante à des degrés divers.
La première témoigne de notre vie officielle, atteste les diplômes obtenus, les réussites certifiées, les échecs patentés. Cette histoire se distingue par des paramètres, des principes, des gardes-fous, des périmètres étalonnés, précis, claironnés.
La deuxième histoire, par contre, ne dispose d’aucune certitude, fonctionne suivant des principes aléatoires, ressemble à des miroirs déformants (repères fuyants). Dans cette seconde histoire, nos rêves, nos frustrations, mais également nos projections, notre capacité à « créer » le monde règnent sans partage.
Cette « dualité » nous anime et nous permet de « rebondir » en prenant appui tantôt sur l’une tantôt sur l’autre histoire.
Dans certaine circonstances, un grand écart entre les deux histoires peut nous être fatal (échecs, grave dépression, maladie, suicide).