Francophonie : jadis et maintenant

Quand on parle de suprématie de la langue française en Europe au cours des siècles passés et tout particulièrement à l’époque médiévale (XIe – XIVe siècles) et puis aux XVIIe et XVIIIe siècles, si l’on insiste, comme il se doit, sur la qualité et le prestige des œuvres culturelles produites alors, de même que sur la fortune politique et militaire de la monarchie française, il est une considération qu’on néglige généralement : celle liée à l’importance de la démographie.

Du Moyen Age jusqu’au début du XIXe siècle, la population française a été numériquement la plus importante d’Europe (juste derrière la Russie).
Cet élément permet de mieux comprendre certains rapports de force vis-à-vis des autres nations européennes ainsi que le dynamisme récurrent de la France d’alors.
Le rayonnement de la langue et de la culture françaises ne peut, à mon sens, être dissocié de ce constat.

La montée en puissance de l’anglais et ensuite de l’anglo-américain (à partir du XVIIIe siècle) tendrait à confirmer cette « vision » démographique.
L’Angleterre jadis, avec l’essaimage de ses colonies de peuplement et, plus tard, le dynamisme démographique des Etats-Unis d’Amérique ont permis à la population de langue et de culture anglaises d’asseoir une puissante hégémonie sur leurs partenaires/concurrents occidentaux ayant d’autres identités culturelles.

Les U.S.A., à eux seuls, se retrouvent maintenant, en Occident, dans la même position de suprématie démographique que jadis la France par rapport à l’Europe.
Pour comprendre l’influence de cette « révolution » démographique, il suffit d’avoir conscience des chiffres.
Au XVIIIe siècle, la population française s’élevait à 22 millions d’habitants à comparer aux 7 millions de l’Angleterre et aux 4 millions des Etats-Unis d’Amérique.

De nos jours, la population de la France a atteint les 60 millions d’habitants, mais le Royaume-Uni a rejoint également les 60 millions et la population des U.S.A. a progressé, quant à elle, jusqu’à près de 300 millions d’habitants.
Pas étonnante, dès lors, la constatation de la suprématie anglo-saxonne par rapport au français.

Bien entendu, la variable « démographique » n’est pas tout et ne saurait, à elle seule, engendrer tout le dynamisme anglo-saxon moderne.
Cette variable, cependant, joue à mon avis un rôle important.

Kirkhult 18/08/2008

Illustration : Château des Tuileries du côté du Pont Royal (Paris, France), 18e siècle

Une réflexion sur « Francophonie : jadis et maintenant »

Laisser un commentaire